Tandis que les citoyens de l’île rentraient chez eux, fourbus d’avoir dû se battre contre des Réprouvés pour remplir une mission commanditée par le Haut Conseil, des grondements souterrains se firent l’écho de bouleversements géologiques.
Pendant des heures, la terre trembla, souffla, grinça tout autour de l’île, dans ce qui semblait être une vaste redéfinition des fonds sous marins.
Toute la soirée les plus jeunes coururent sur la plage sous l’œil inquiet des parents qui s’attendaient presque à voir la mer se déverser avec furie sur leur île.
Toute la nuit, des bruits de terre fracassée, d’eau bouillonnante et d’air survolté emplirent les oreilles des citoyens qui ne pouvaient plus y voir à un mètre et durent se contenter d’écouter sans voir. Epaisse comme un manteau neigeux, la Brume semblait couvrir le travail d’un Autre.
Le lendemain matin, sous un ciel radieux, les îliens découvrirent qu’ils n’étaient plus seuls. Deux îles bordaient la leur. Une petite île, de forme arrondie et, plus loin derrière, une autre, plus grande, qui semblait correspondre en tous points à la leur.
Les îliens dépêchés pour découvrir ces deux nouvelles voisines, rapportèrent que sur la petite île se dressait une sorte de sanctuaire, comme construit là depuis des siècles. Et sur la seconde, rien, si ce n’est du bois coupé en très grande quantité.